Le point mort

Quel drôle de nom! Cela donne l’impression qu’à partir de là tout va aller mal. En réalité, c’est exactement le contraire qui se passe. C’est le moment de la vie, puisque c’est à partir de cet instant que la société commence à faire du profit. On devrait l’appeler le point « de la vie ». A noter que l’on parle aussi de seuil de rentabilité. Là, le nom est plus clair. Mais trêve de considération métaphysique, et commençons par définir ce point mort : …

Il est atteint quand la marge sur coûts variables est égale à l’ensemble des coûts fixes de l’exercice. La marge sur coûts variables c’est le chiffre d’affaires (les ventes) moins toutes les charges variables. Rappelons qu’une charge est variable quand elle évolue en fonction du chiffre d’affaires (ex. : le coût des roues pour un vélo vendu) et elle est fixe quand on la paie, même si la société ne fait pas de vente (ex. : le loyer de l’usine).

Quand le point mort est atteint, cela signifie que chaque vente supplémentaire va générer un bénéfice qui correspondra à la marge sur coût variable puisque tous les coûts fixes seront absorbés. Il est clair que l’intérêt de l’entreprise, c’est d’atteindre ce point, le plus tôt possible dans l’année. Pour cela, il faut optimiser deux éléments : la marge sur coût variable et les coûts fixes. 

Optimiser la marge sur coûts variables peut se faire soit en augmentant les prix de ventes, encore faut-il que le marché l’accepte. Mais si l’objectif est là, alors il faut peut-être penser à un positionnement produit qui permettra de vendre le produit plus cher. L’optimisation passe aussi par des coûts variables plus faibles. Attention à réfléchir à une baisse des coûts qui soit en adéquation avec la stratégie et le positionnement produit. 

L’amélioration passe également par la baisse des coûts fixes. L’idéal c’est de les réduire en valeur absolue. Une autre solution peut être de les variabiliser. Par exemple, au lieu de faire vous-même, vous sous-traitez certaines parties de votre production. La charge devient variable puisque vous n’utilisez pas la sous-traitance si vous ne produisez pas. Mais bien entendu, la marge sur coût variable va être impactée et si le coût est plus élevé, elle peut diminuer de façon importante. Au final, le point mort sera atteint plus tard. 

Tout cela constitue des éléments intéressants et utiles de réflexion. Toutefois, n’oublions pas que dans une entreprise tout s’imbrique. Par exemple l’activité que vous allez sous-traiter, va peut-être vous rendre dépendant d’un tiers, ou bien son niveau de qualité ne sera pas suffisant. Il est donc important de regarder les aspects financiers, mais également la stratégie, la qualité et tout ce qui rend votre entreprise performante (n’oubliez pas la motivation de votre personnel). 

Le point mort constitue donc un indicateur de gestion intéressant. Dans l’absolu, il faut essayer de l’optimiser de sorte à l’atteindre le plus tôt possible dans l’année. Mais il ne faut pas raisonner que sur une base purement financière. L’ensemble des paramètres de l’entreprise doit être pris en compte, afin de trouver le meilleur compromis. Une fois encore, l’objectif du dirigeant est d’optimiser et non pas d’atteindre le point mort le plus faible.

 

 

Michel Pivot (28 juin 2016)

DAF Evolution