mardi 2 février 2016

La titrisation

Encore un de ces mots barbares que chaque métier se plaît à inventer et à utiliser. Ceci étant, il n’est pas si compliqué. Le sens est dans le mot lui-même. Titrisation cela signifie transformer en titre, en l’occurrence il s’agit d’obligations. L’objet de la titrisation est donc de transformer quelque chose en titre pour pouvoir les revendre. Concrètement, cela signifie quoi :

Bien des choses peuvent être transformées. L’intérêt de l’obligation c’est qu’il existe des marchés pour cela et que cela signifie qu’il sera possible d’émettre des titres, de les vendre et pour les acquéreurs de les revendre grâce au marché. Le marché le plus connu c’est la bourse.

Parmi les choses qui peuvent être vendues et qui sont intéressantes pour une entreprise qui cherche à se financer, il y a les créances clients et les stocks. Comment cela fonctionne-t-il ? Un organisme financier, une banque par exemple, va créer une société dont le seul but sera de racheter un type de produit : des créances clients (des factures), ou des stocks ou … Ce type de société s’appelle Special Purpose Vehicle (SPV). Le nom en lui-même indique bien que cette société ne sert à faire qu’une seule chose. Par exemple racheter des créances clients. Cette société va racheter des factures. Pour se financer, elle va aller sur les marchés pour placer des obligations dont le support sera les factures. Les actionnaires n’achètent pas les factures, mais les titres. On a ainsi transformé des factures en titre qui peuvent s’échanger sur les marchés boursiers. 

Pour l’apporteur de factures, c’est un moyen de se financer immédiatement. Il faut que les factures soient de bonne qualité et en particulier que le tiers facturé (le client) soit solide. Par contre, il n’en sera plus le propriétaire. Cela est différent de l’affacturage, où l’entreprise reste le propriétaire de la facture, et la banque ne fait qu’avancer l’argent.
L’actionnaire (celui qui monte l’opération en créant le SPV) sera rémunéré par les commissions qu’il va toucher sur l’opération.
L’investisseur qui achète les titres sera rémunéré par les versements des clients pour payer les factures. Il peut également vendre les titres sur le marché. C’est en réalité lui qui prend le risque final, puisqu’il a apporté l’argent pour acheter les factures, mais ne sera rémunéré que si le client paie ces factures. C’est pour cela qu’il existe des montages spécifiques dont l’optique est d’analyser le risque pris. Des catégories de titre sont alors créées en fonction du risque qu’ils représentent. Sur des opérations qui sont importantes, une évaluation peut être établie par une société de notation comme Moody’s. 

En principe, toute entreprise qui a une qualité de factures suffisante peut bénéficier de ce type d’opération. Ce qui fonctionne pour les factures marche également pour le stock. Une société qui a un stock de qualité, bien organisé et suivi peut également prétendre à ce type de financement. 

La titrisation est donc un outil puissant pour financer une opération. Beaucoup de choses peuvent en faire l’objet. Toutefois, la qualité de l’opération dépend principalement de la qualité du produit apporté. Quand il n’est pas bon cela peut-être désastreux. C’est ce qui s’est passé avec les subprimes qui étaient des emprunts immobiliers contractés par des personnes non solvables.
 

 

Michel Pivot (2 février 2016)
 

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